Écrit le jeudi 16 mai 2024 par PG Luneau Connaissez-vous la revue Solaris? Il s'agit d'un petit magazine québécois qui paraît quatre fois par année et dans lequel sont publiées différentes nouvelles de S.-F., de fantasy et de fantastique. Ainsi, elle offre une belle porte d'entrée aux auteurs d'ici qui veulent tester leur style et leurs idées. L'auteur Simon Labelle y a fait paraître, en 2000, une nouvelle d'anticipation intitulée le Suicide de la Déesse... mais ce n'est que 10 ans plus tard qu'il l'a publiée de nouveau, mais sous forme de BD, cette fois. Voyons de quoi il s'agissait. C'est quoi? L'argument en est somme toute assez simple. Ariane suit un cours de création littéraire à l'université. Le travail de session est simple : rédiger une nouvelle sous forme de création collective! En moins de deux, la jeune black se retrouve avec Steph, Oli, Fabien et Isa et tous se mettent à la tâche, certains avec enthousiasme, d'autres avec plus ou moins d'intérêt. Après quelques rencontres de remue-méninge (qui nous offrent un bel échantillonnage de tout ce qui peut arriver lors d'un travail d'équipe!), une idée directrice commence à s'imposer : il est indéniable que la planète se meurt à cause de la pollution, de la surconsommation et des mauvais choix que l'Homme a faits (et fait encore!), bafouant la Nature au nom de l'évolution de son espèce. Mais, puisque l'Homme est une création de cette même Nature, pourquoi ne serait-ce pas délibéré? Si l'Essence même de la planète en avait assez et qu'elle avait engendré l'Homme dans le seul but que celui-ci la détruise, justement? Si la grande Déesse visait son autodestruction par le biais de son rejeton le plus abouti? Un genre de «suicide» planifié ?? :^O Fort de cette idée (ma foi, très originale), le groupe pond un texte correct, qui ne casse pas la baraque mais qui permettra aux cinq co-auteurs de passer leur cours... Ce n'est que quelques années plus tard que... Mais je m'arrête ici, car j'en ai peut-être déjà un peu trop dit! C'est comment? En effet, il est très difficile de ne pas éventer ce cours texte d'à peine 59 petites planches de 5 ou 6 cases chacune quand on veut en raconter l'essentiel. Le propre des nouvelles, c'est d'être court et punché, donc il n'est pas évident de les résumer d'une part, et de le faire sans en vendre les punchs d'autre part! Car oui, le récit se déroule en deux temps : l'époque universitaire, quand le groupe commet son texte, et les conséquences découlant de cet écrit, se déroulant une trentaine d'années plus tard !? Et ces conséquences, elles étonneront autant Ariane que les lecteurs !? Ne pouvant pas en dire plus, il vous faudra me croire sur parole! Oui, l'intrigue est construite de façon à ce qu'on s'interroge à maintes reprises : où est-ce que tout cela va bien pouvoir nous mener ?? Mais gardez la ligne car, au final, ce petit scénario mystérieux à souhait vaut tout à fait le détour! Il nous présente un futur possible d'autant plus angoissant qu'il s'avère parfaitement crédible! Et, ce qui n'est pas à dédaigner, il est serti dans un écrin aussi joli que rafraîchissant! En effet, le dessin de M. Labelle m'a tout de suite charmé! Sa façon toute en rondeur de dessiner personnages et décors est tout à fait personnelle et ne ressemble à aucune autre. C'est souple, coulant, moderne, chargé tout en restant clair, d'une belle originalité. Toutes ces qualités graphiques cadrent à merveille avec le récit, comme si elles exacerbaient son ton mystérieux. Bref, la lecture du Suicide de la Déesse m'a permis de découvrir des univers graphiques et scénaristiques qui me parlent beaucoup, au point où je me demande pourquoi j'ai tant tardé avant de lire cette perle! J'ajoute donc Simon Labelle à ma (longue!) liste de bédéistes à suivre, et je pars de ce pas à la recherche de ses (trop rares!) autres œuvres! À partir de 16 ans.
Mes bémols
Les plus grandes forces de cette BD
Les petits plus Une dédicace. J'ai eu le plaisir de croiser M. Labelle, lors d'un festival de BD, et il a eu la bonté de gratifier mon album d'une jolie dédicace représentant l'enfant vorace, celui que l'on aperçoit sur le point de dévorer sa mère, sur la couverture! J'en garde le souvenir d'un homme assez réservé mais très gentil! Un prix. Si, après tout ça, vous n'êtes toujours pas convaincu que cet album est bon, sachez qu'il a reçu le prix Bédélys de l'album québécois de l'année, lors de sa sortie en 2010! Un site. Je vous offre, en prime, un lien vers le très intéressant site professionnel de Simon Labelle, que je viens de découvrir à l'instant! Vous pourrez ainsi constater par vous-même l'étendue de son talent.
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Design du site - Marsi
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