#01- MON COPAIN EST UN MICROBE
Scénariste(s) : Guillaume BIANCO
Dessinateur(s) : Antonello DALENA
Éditions : le Lombard
Collection : X
Série : Ernest & Rebecca
Année : 2008 Nb. pages : 46
Style(s) narratif(s) : Gags en une ou quelques planches
Genre(s) : Humour fantaisiste, Quotidien, Drame familial
Appréciation : 3.5 / 6
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Un rhume peut-il empêcher un divorce?
Écrit le lundi 28 juin 2010 par PG Luneau
À six ans et demi, c’est très difficile d’entendre ses parents s’engueuler mutuellement et de voir son papa partir dormir chez son frère à tous les soirs. On sent que la séparation approche, que le divorce n’est plus qu’une formalité… et on assiste, impuissant, à tous les déchirements amers qui en découlent… Impuissant? Pourquoi, impuissant?! Pour la petite Rebecca, il y a toujours quelque chose à tenter, surtout depuis qu’elle a attrapé un gros rhume étrange. En effet, non seulement elle constate que ses parents font (temporairement) la trêve quand ils la sentent malade, mais en plus, elle réalise que le microbe qu’elle a attrapé peut devenir un compagnon de jeu fort amusant!
Voilà, c’est ça, Ernest et Rebecca. Contrairement à Benoit Brisefer qui fait tout pour éviter les rhumes (de peur de voir sa force herculéenne s’évanouir jusqu’à sa guérison), Rebecca fait tout pour conserver le charmant microbe qu’elle a attrapé par un jour de pluie, alors qu’elle s’adonnait à son activité favorite : la chasse aux grenouilles. Elle ne craint donc pas de sortir dehors en pyjama sous de grosses averses glaciales ou de se faire «bronzer» en maillot en pleine tempête de neige!! Et Ernest, l’espiègle microbe en question, de l’encourager bien bas, évidemment!
Les deux nouveaux amis tenteront tout en leur pouvoir pour éviter le pire, mais les alliés se font rares. Ce n’est certes pas Coralie, la grande sœur en plein âge rebelle, toujours enfermée dans sa chambre, qui va réagir! Puis il y a toujours le Dr Fakbert, un petit vieillard qui tente par tous les moyens de neutraliser la maladie de la jeune fille, mais qui est dépassé par les événements. C’est qu’Ernest, qui a des dons de polymorphisme, n’est vraiment pas tendre à son égard!!
Un des trucs qui m’a plu dans ce charmant recueil de gags, c’est que la pensée magique n’a pas le dessus. Oui, Rebecca se découvre une espèce d’ami imaginaire, mais l’inexorable réalité suivra son court : non seulement, à la fin de l’album, papa habite toujours en pension chez son frère, mais en plus, un mystérieux Sam commence à téléphoner maman, qui devient aussitôt gaga dès qu’elle lui parle. Nouvelle mission pour Ernest et Rebecca : éradiquer cet intrus!! Comment l’histoire finira-t-elle? Peut-être le saurons-nous dans le prochain tome, qui est déjà paru.
Plus grandes forces de cette BD :
- les incroyables tronches de la mignonne petite Rebecca et de son microbe polymorphe. Qu’est-ce qu’elle peut être craquante, cette chère Rebecca, avec ses cheveux roses et ses grands yeux tendres!! Quant à Ernest, lui, il joue la carte du comique de service. C’est qu’il peut se transformer à volonté en toutes sortes de formes ou de personnages! Généralement, toutefois, il préfère rester lui-même et ne modifier que l’extrémité de l’appendice qu’il porte sur le dessus de la tête, au grand plaisir de Rebecca… et des lecteurs!
- la douceur des traits tout ronds et des couleurs pastel, ce qui sert bien le côté «ti-nenfant» de la série. Tout n’y est que rose et turquoise!! Assurément, on vise un lectorat féminin. C’est dommage, car si les jeunes garçons ne vont sans doute pas trop s’identifier à la gamine, ils auraient adoré les tours pendables mis en œuvre par ce coquin d’Ernest. De manière générale, j’aime bien ces traits propres aux dessinateurs italiens qui ont travaillé en animation chez Disney ou avec Barbara Canepa ou Alessandro Barbucci. On reconnaît tout de suite leur style, comme dans les séries Monster allergy, W.I.T.C.H., Lys, Sky dolls, etc.
- le thème du couple de parents qui ne s’entendent plus. Voilà une réalité tellement quotidienne, de nos jours! Pourtant, je n’ai pas souvenir qu’on l’ait traitée pour la peine en BD jeunesse. Il était temps! Et quoi de mieux que l’humour et la tendresse pour parvenir à faire comprendre aux jeunes que les difficultés que tout cela engendre ne sont pas insurmontables?
- les petits dessins de bas de page, indiquant la fin des gags. Tout comme Franquin, qui signait chaque gag de Gaston Lagaffe d’une signature différente, en lien avec le gag, Dalena termine son gag en rajoutant un petit Ernest original, dans une attitude à chaque fois différente. C’est sympathique.
- les petits clins d’œil aux autres séries sur lesquelles travaillent les auteurs. Ainsi, sur les amusantes illustrations des pages de garde, un des enfants qui attend pour aller voir le docteur Fakbert joue avec des figurines à l’effigie de Zick et de Bombo, de la série Monster allergy, à laquelle monsieur Dalena a déjà contribué. Plus loin, à la fin du gag de la page 30, en lieu et place d’un petit Ernest original, on nous présente Hot dog, ce chien un peu barjot tiré de la série éponyme de Bianco.
Ce qui m’a le plus agacé :
- les petits Ernest de fin de gag oubliés. J’adore quand un dessinateur instaure des codes amusants comme «à la fin de chaque gag, on dessine un petit Ernest». Mais pourquoi l’instaure-t-il si c’est pour ne pas le respecter?!?! Je peux comprendre qu’un illustrateur oublie ce petit détail une ou deux fois… mais est-ce que ce ne serait pas la tâche de l’éditeur, dans ce cas, de s’assurer qu’une certaine rigueur ait été respectée? Dalena a oublié pas moins de quatre fois de respecter son propre code (p. 10, 19, 22 et 43) !! Ça ne fait pas très sérieux! Qui est le chargé de suivi qui dort au gaz, chez Lombard?!?
- la petitesse des vignettes. Les dessins de monsieur Dalena sont si jolis, avec des traits très fins et d’amusants petits détails, qu’ils auraient mérité des pages plus grandes, pour bien mettre en valeur toute leur richesse.
- l’inégalité des gags. En fait, le terme gag est souvent trop fort pour ce qu’on nous présente. Souvent, il s’agit plutôt de tranches de la vie quotidienne, plus mignonnes qu’amusantes… et parfois, ce n’est même pas mignon!… Mais alors, qu’est-ce que c’est?!? Je me le demande encore, après être resté pantois à plusieurs reprises, ne comprenant pas trop si j’avais raté un élément humoristique… Bref, l’intention du scénariste n’est pas toujours nette, et c’est un peu déstabilisant. C’est ce qui explique ma note relativement faible pour un album aux qualités générales indéniables.
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