#03- MÉMÉ LA MOMIE
Scénariste(s) : Isabelle DETHAN
Dessinateur(s) : Pierre Lavaud dit MAZAN
Éditions : Delcourt
Collection : Delcourt jeunesse
Série : Kheti, fils du Nil
Année : 2009 Nb. pages : 35
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (1/2)
Genre(s) : Fantastique mythique
Appréciation : 4.5 / 6
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Une balade chez les morts... qui tourne mal!
Écrit le vendredi 05 mars 2010 par PG Luneau
Saviez-vous que, contrairement à ce qu’en disent presque toutes les encyclopédies généralistes, Anubis n’avait pas une tête de chacal!?! C’était en réalité une tête de chien noir : les chacals n’existaient pas, à l’époque, en Égypte! D’ailleurs, le mot Anubis est le nom que les Grecs ont donné par la suite à ce dieu, qui s’appelait en réalité Inépou! Stupéfiant, non?
En lisant Mémé la momie, le troisième tome de la série Kheti, fils du Nil, c’est ce genre de petits détails hyper-intéressants qu’on risque de retenir. Et le plus beau de la chose, c’est qu’on risque de ne même pas s’apercevoir qu’on apprend, tellement ces informations sont bien distillées dans l’aventure fantastique que vivent les héros.
La sage Nehet, la grand-mère de Mayt, vient de mourir. Celle-ci est inquiète car, comme tous les pauvres, sa mamy n’aura pas droit aux paroles sacrées qui permettent de traverser sans encombre le Royaume des Morts et de rejoindre les Dieux. Elle risque de se perdre à jamais dans les dédales d’un marécage sans fin.
C’est pourquoi la jeune Mayt demande à son ami Kheti, apprenti-scribe, de l’aider en recopiant les paroles sacrées et en s’organisant pour les laisser dans le caveau de la défunte. Ainsi fut fait… mais les deux jeunes amis s’y sont pris trop tard et, malgré la présence de leur chat Miou (un animal bien surprenant, qui parle et qui en connaît long sur le Monde des Morts!!), ils se retrouvent, eux aussi, dans un Au-delà rempli de pièges, en compagnie de la mémé! Pourront-ils guider la vieille et retrouver leur chemin vers le Monde des Vivants? Vous ne le saurez pas plus que moi!!
En effet, j’ai eu la mauvaise surprise de constater que cet album n’était que la première partie d’un diptyque!! C’est décevant, de rester en plan, surtout que la finale est inquiétante! Vivement le tome suivant!
Ce récit, prévu pour les plus jeunes (malgré quelques seins dénudés, mode égyptienne oblige!), me rappelle beaucoup la série Toto l’ornithorynque. Comme pour Toto, le surnaturel semble y jouer un rôle prépondérant (du moins, dans ce tome, qui est le premier que je lis!). L’ambiance qui y est instaurée est mystérieuse, sans être trop angoissante. Les deux jeunes héros sont sympathiques et s’expriment comme de vrais enfants, ce qui est un bonus! Comme on connaît la qualité de l’expertise de madame Dethan en matière d’égyptologie (voir ma critique du Tombeau d’Alexandre, de la même auteure), on sait que, malgré le petit côté gentillet du récit, les informations qui y sont habilement véhiculées sont tout à fait exactes. De plus, les illustrations de Mazan, conjoint de l’auteure, sont toutes mignonnes.
Bref, il s’agit d’une charmante petite série que j’ai trop longtemps hésité à découvrir. Ne faites pas la même gaffe que moi!
Plus grandes forces de cette BD :
- le langage des jeunes héros. Madame Dethan a réussi à donner à ses deux protagonistes un langage jeune, très naturel mais surtout très contemporain. Elle a réussi ce tour de force en utilisant des expressions dans lesquelles nos jeunes se reconnaîtront, tout en évitant, évidemment, les «Yo man! T’sé veux dire!» et autres «Mate la meuf!» qui seraient complètement ridicules dans un récit qui se passe dans l’Antiquité!
- l’incursion dans le monde des morts. Son récit, bien que simple, en est intéressant et on y apprend plein de choses sur les croyances de l’Égypte antique. Le didactisme est doublement efficace parce que totalement invisible : pour une fois, les auteurs nous renseignent habilement sans qu’on réalise vraiment, en tant que lecteur, que le bouquin sert principalement à nous instruire : on ne fait que prendre plaisir à suivre les péripéties!
- le lexique. Imprimé sur les pages de garde de la fin, il est rédigé en termes clairs, que les enfants vont comprendre (ce n’est pas toujours le cas : souvent, les éditeurs préfèrent y utiliser un ton plus encyclopédique, ce qui désarçonne certains jeunes). Dommage par contre qu’il soit si court et que les mots qui y sont expliqués n’aient pas d’astérisque dans le récit. On n’a aucun moyen de savoir qu’on peut se référer à ces définitions, à moins de tomber par hasard sur ces pages!
- les cartouches ovales d’écriture en hiéroglyphes. Étant sûr que les symboles qui s’y trouvaient signifiaient quelque chose, je me suis amusé à faire des recherches. Bilan : comme de fait, j’y ai découvert que les auteurs ont signé leurs noms de famille en hiéroglyphes, comme s’ils étaient les scribes des pages de garde… ce qu’ils sont, ma foi!! Ils ont de plus inscrit les noms de leurs deux héros sur le quatrième de couverture. Quelle amusante façon de pousser plus loin les apprentissages!
Ce qui m’a le plus agacé :
- un bogue de perspective et de dimensions, à la page 10. Je vous jure que je ne les cherche pas! Celui-ci m’est tout simplement tombé sous les yeux! Dans la deuxième vignette, le cercueil dans la barque m’a plutôt l’air d’une vulgaire boîte dans laquelle aucun corps ne saurait rentrer, sinon celui d’un bébé! Pourtant, dans la première vignette, il semblait assez grand pour mémé Nehet! De même, dans les deux dernières vignettes de cette même planche, il est très difficile de croire qu’il s’agit de la même boîte tant elle est tantôt trapue, tantôt très effilée. Mazan devait être distrait cette journée-là!?!
- la fin… qui ne l’est pas!! J’étais assuré, en commençant ma lecture, que ce tome constituait un récit complet. C’est presque toujours le cas dans la collection Delcourt jeunesse : des récits courts (32 pages) et complets. Quelle déception quand j’ai réalisé que je ne connaîtrai la fin de l’aventure qu’à la parution du prochain tome, qui s’intitulera le Jugement d’Osiris!
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