#03 - LE PREMIER
Scénariste(s) : Jean-Luc ISTIN
Dessinateur(s) : Denis RODIER
Éditions : Soleil
Collection : Secrets du Vatican
Série : Ordre des Dragons
Année : 2009 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre (3/3)
Genre(s) : Thriller ésotérique, Drame de guerre
Appréciation : 5 / 6
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le Bien ou le Mal, anges ou démons, l'origine... et la conclusion!
Écrit le dimanche 15 janvier 2012 par PG Luneau
Wow! Wow! Wow! Quelle finale, mes amis! Je suis vraiment épaté! Non seulement par le récit (cohérent, intelligent, d’une narration claire malgré sa complexité…) mais, surtout, par le fait d’avoir apprécié autant un récit flirtant avec un genre qui me pue habituellement au nez : l’horreur! Je ne m’attendais pas, quand j’ai commencé le tome #1, à ce que des têtes roulent (littéralement!!) ou que des cœurs soient arrachés, à la main, devant nos yeux (âmes sensibles, s’abstenir!), mais je m’attendais encore moins à ce que de telles images ne mettent pas fin à ma lecture! Pour que je veuille à tout prix poursuivre ma lecture malgré des scènes aussi gores (mais très peu nombreuses, rassurez-vous!), c’est que l’histoire est solide et palpitante en petit péché!
Bon, une petite morsure de rappel pour ceux qui auraient raté mes critiques des deux premiers tomes de la série (elles sont pourtant toutes proches et passionnantes, ici et ici!!) : Alors que le mouvement nazi prend de plus en plus d’ampleur en Allemagne, Eva Wilson voit un de ses bons amis, le vieil ethnologue Elie Schtrauss, se faire tuer alors qu’il venait de déposer un paquet dans sa boîte aux lettres. La jeune femme y trouve des lettres, des articles de journaux et d’autres indices qui la mènent jusque dans une grotte souterraine, cachée sous la maison de campagne de Schtrauss. C’est là que son éminent ami, membre d’une société secrète millénaire, cachait la lance de Lug, un très puissant artefact divin recherché par bien des gens mal intentionnés, proche d’un certain Hitler. Fin du tome #1.
Puis, neuf ans plus tard, herr Schäfer, un scientifique allemand, traverse la péninsule du Mont Sinaï pour trouver l’accès à une grotte supposément importante. Il est accompagné d’un convoi militaire qui escorte un véhicule blindé au chargement plus précieux que tout le Troisième Reich réuni… mais dont personne ne connaît la teneur!!?? Sous le regard suspicieux de l’oberleutnant qui l’accompagne, Schäfer découvre enfin la porte tant recherchée et pénètre dans la fameuse grotte, étonnamment ornée. C’est là qu’il arrive face à face avec… la gardienne de la lance, Eva Wilson en personne!! Comment s’est-elle retrouvée là, elle que la lance avait rendue aveugle?? Fin du tome #2.
Maintenant, les dés sont jetés, la grande confrontation finale est éminente, et on saura bientôt ce que contient le fameux blindé XB23! Les vingt premières planches de ce tome final nous ballotent du Londres de 1896 à la campagne allemande de 1933, puis au Caire et à Paris, question de nous permettre d’agencer les nombreuses pièces du puzzle qu’Istin nous a lancées depuis le début de son histoire. Une fois les morceaux bien en place et la lumière faite dans notre esprit, on peut revenir, à partir de la p.23, à la confrontation entre Eva Wilson et Ernst Shäfer, dans la grotte sacrée des Mirkas. Pendant ce temps, à l’extérieur, les Anglais attaquent, car eux aussi sont sur la piste du chargement du XB23… l’Ordre des Dragons a vraiment des ramifications partout!! Le Bien et le Mal ne pourront faire autrement que de s’affronter dans un duel grandiose…
On est ici en présence d’un tome de conclusion, méticuleusement construit, qui fait merveilleusement le pont entre toutes les données et les nombreuses ellipses temporelles présentées dans les deux premiers tomes. De ce fait, il est fort peu pertinent de le lire sans avoir lu les deux précédents! C’est avec brio qu’Istin nous démontre ici son grand talent de fin ciseleur, qui n’en échappe pas une, là où une tonne et quart d’autres scénaristes nous aurait laissé dans le néant, l’obscurantisme ou avec un patchwork totalement indigeste! Il est clair que je vais dorénavant porter une attention beaucoup plus marquée aux autres séries de ce scénariste dont je côtoie le nom depuis plusieurs années sans pour autant m’y attarder! Je sens que certaines séries qui me titillent depuis longtemps, comme le Sang du dragon ou les Druides, vont rapidement remonter à la surface de mon incommensurable pile de BD en attente de lecture!! ;-)
Encore une fois, j’enlève un demi-point parce que je n’accroche pas aux dessins de monsieur Rodier (c’est pourtant un homme charmant avec qui j’ai eu beaucoup de plaisir à discuter, lors du dernier ComicCon!)… mais ça laisse à cet excellent tome un superbe 5/6!!
Plus grandes forces de cette BD :
- la grande beauté des paysages et des décors. Comme il l’avait fait dans les premiers tomes, Rodier nous étale de superbes lieux, souvent en double planche. La grotte des p.36 et 37 est tout simplement féérique! Wow!
- la fabuleuse cohérence interne du récit. Comme je n’ai cessé de le dire plus haut, avec force louanges, l’auteur est un véritable maestro! D’abord, on le constate déjà grâce au merveilleux rapiéçage scénaristique qu’il nous offre dans toute la première moitié de l’album. Grâce à lui, on parvient à emboîter toutes les multiples pièces de son gigantesque mais passionnant casse-tête 3D! Puis, non seulement Istin parvient-il à fusionner un grand nombre d’éléments culturels divers (dragons et légendes celtes, vampirisme, ange…), mais il réussit de plus à y adjoindre plein d’événements historiques logiques!! Ainsi, l’ascension du Troisième Reich, la Deuxième Guerre mondiale, la Société secrète de Thulé et toutes ces sortes de choses sont parfaitement huilées et imbriquées dans le récit, comme si elles y avaient toujours été connectées. Finalement, tout cela n’est pas seulement du grand art, mais de l’art abordable : même moi, je suis parvenu à tout comprendre, et ce, malgré le grand nombre de personnages et ma grande inculture sur ces sujets!! C’est probablement la meilleure preuve que vous ne pouvez pas avoir pour être assurés des grandes compétences narratives de ce scénariste!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- les visages des personnages. C’est, à mon avis, la petite bête noire de monsieur Rodier. Il me semble qu’ils manquent de netteté, de souplesse dans le trait, de constance. Par exemple, aux p.4, 5 et 6, la figure des membres de l’Ordre des Dragons ont un petit côté scholastique, qui manque de naturel, de fluidité… De même, plus loin, les visages des soldats (tant allemands que britanniques) sont presque tous interchangeables tant ils sont similaires. En trois tomes, je ne suis malheureusement pas parvenu à m’y faire, et j’en suis bien déçu…
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