#04- LES CAIRNS ROUGES
Scénariste(s) : Fabien VEHLMANN
Dessinateur(s) : Bruno GAZZOTTI
Éditions : Dupuis
Collection : X
Série : Seuls
Année : 2009 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Thriller fantastique
Appréciation : 5.5 / 6
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LA réussite jeunesse de l'heure!
Écrit le samedi 29 août 2009 par PG Luneau
ENFIN! Je viens de dévorer le quatrième tome de la passionnante série Seuls! Quelle série géniale!! C’est probablement LA série jeunesse la plus palpitante et enlevante des trente dernières années! On ne peut que dévorer chaque album, pour ensuite trépigner d’impatience jusqu’à la parution du tome suivant!
Et pourtant, la série surfe encore sur le génialissime punch initial de son tome #1, à savoir : cinq jeunes, étrangers les uns pour les autres, se réveillent un matin… et il n’y a plus aucun être vivant dans toute la ville, à part eux cinq, qui finissent par se retrouver. Aucun indice, aucune trace de combat, de lutte, d’attaque terroriste, nucléaire ou bactériologique… et aucun cadavre : ils sont seuls, et n’ont pas la moindre explication à fournir pour éclaircir ce mystérieux phénomène. Que s’est-il passé? Pourquoi tout le monde a disparu?... Et pourquoi pas eux?!?!
Puisque la ville est intacte, la survie est d’abord facile, avec tous les frigos et les magasins bien remplis… mais au fil du temps, les produits périssent et il faut commencer à prévoir à long terme. De plus, la ville, même désertée, regorge de dangers, à commencer par les animaux d’un cirque qui, faute d’être nourris par leurs gardiens, ont réussi à s’évader et cherchent leur pitance comme ils le peuvent, librement dans la ville! Les tomes #2 et 3 nous ont permis de constater que quelques autres jeunes ont «survécu», comme eux… mais que certains d’entre eux ne sont peut-être pas très fréquentables!!
Dans ce tome-ci, nos cinq amis se sont entourés d’une demi-douzaine de copains, anciennement du Clan des Requins, rencontré au tome #3. Ensemble, ils ont entrepris d’établir une ingénieuse barricade autour d’un square bien protégé et d’y installer leur Q.G. afin de mieux planifier toutes leurs entreprises : création d’une réserve alimentaire, constitution d’une petite fermette, tentatives de prise de contact avec les villes voisines… Mais voilà qu’ils sont rejoints par le très inquiétant Maître des couteaux, croisé dans le tome #2, venu chercher de l’aide pour retrouver le bébé dont il avait la garde. Bien vite, Dodji et ses amis repèrent le bambin, qui a été enlevé par une bande de singes savants, eux aussi évadés du cirque. Agressifs et bien cantonnés dans le bâtiment abritant l’Opéra de la ville, ces primates ne les laisseront pas récupérer le bébé sans combattre : les assauts seront des plus mouvementées. La personnalité de chacun sera mise à rude épreuve et certains de nos amis en sortiront blessés, à tout point de vue.
Mais que sont ces hauts monticules de détritus recouverts de peinture rouge que les singes ont érigés? On dirait des genres de cairns, ces échafaudages de pierres que les hommes du néolithique érigeaient pour se repérer ou pour y enterrer leurs défunts! À quoi peuvent-ils bien servir? Et pourquoi des animaux, même dressés pour le cirque, prennent-ils la peine de les dresser? Voilà un mystère de plus, pour les tomes à venir!
Au rythme où le scénariste nous donne ses pistes pour nous permettre de voir clair dans ce touffu mystère, on pourrait presque comparer cette série à une version junior de la fabuleuse télésérie américaine Perdus (pour laquelle nos cousins de l’Hexagone ont préféré, encore une fois, garder le titre original : Lost – c’est fou comme ils deviennent paresseux, ceux-là, lorsque vient le temps de traduire les titres de ces méga-téléséries!). Heureusement, même si l’esprit de mystère incompréhensible reste le même, celui de Seuls est beaucoup plus abordable! En effet, jusqu’à présent, l’intrigue de la série BD reste assez centrée et évite le piège des innombrables circonvolutions souvent confuses dans lequel la série télé se complait!
Avec son graphisme gentillet, ses belles couleurs vives et son scénario béton, on comprend aisément que cette série, pré-publiée dans le Journal de Mickey malgré certains passages assez violents, ait remporté plein de prix d’excellence!
J’ai tellement hâte de connaître le fin fond de l’histoire… mais pas trop vite, car même si on VEUT savoir, on veut aussi que le plaisir de ce palpitant mystère se prolonge encore et encore!!!
Plus grandes forces de cette BD :
- le superbe dessin semi-caricatural (dans le style des Spirou de Munuera), très maîtrisé et agréable à l’œil, léger, aéré, pas trop chargé.
- les couleurs vives et pétantes (sans tomber dans le criard bonbon!) qui laissent place à des bleu nuit, des noirs et des rouges très sombres lors des scènes nocturnes ou des moments où le suspense est plus intense.
- un postulat de base si mystérieux et ingénieux qu’il vous gruge les méninges longtemps après la lecture… En fait, la mystérieuse disparition de toute la population de la ville, en une nuit, sans explication aucune et sans laisser de trace, me ravage l’intérieur depuis bientôt quatre ans, suite à ma lecture du tome #1!!
- la fascinante simplicité du scénario, malgré tout! Les indices nous sont peut-être donnés au compte-gouttes, mais l’action dérougit rarement. Après tout, les jeunes héros sont en mode survie, sans plus aucun adulte pour les guider !
- les ambiances angoissantes, poignantes, intrigantes. La simple idée de se balader dans une ville intacte mais totalement délaissée de toute sa population, ça fout les jetons, vous ne trouvez pas? Je ressens, à la lecture de cette série, exactement la même oppression stressante que lorsque je jouais au jeu vidéo Myst. Sont-ils vraiment seuls? Croiseront-ils quelqu’un au prochain carrefour? Est-ce que ce sera un ami ou un ennemi? D’où viendra le prochain danger? Et OÙ DIABLE EST ALLÉ TOUT LE MONDE??!!?!
- des personnages très attachants (surtout Terry, le plus jeune!) dont la psychologie s’épaissit d’album en album. On commence à voir pointer les faiblesses de chacun, à les voir les surmonter avec courage, résignation ou panique.
- des personnages secondaires parfois intrigants et mystérieux, parfois sympathiques… Bref, non, ils ne sont pas complètement seuls… mais ça reste tout aussi angoissant quand on réalise qui sont ceux qui restent avec eux!!
- une intrigue secondaire bien cernée dans chacun des albums, avec une fin satisfaisante, en plus de la trame globale qui s’échelonne sur la série en entier.
- la finale en hameçonnage. Encore ici, action et mystère à la puissance cent mille : on veut savoir qui est impliqué et quelles en seront les conséquences!!!!
Ce qui m’a le plus agacé :
- le récit de l’accident de voiture d’Yvan et de ses parents, la nuit de la disparition, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Je n’avais pas souvenir d’avoir lu quelque chose en ce sens dans les tomes précédents. Après vérification, j’ai été content de constater que je n’étais pas fou… mais déçu de cette étrangeté dans le scénario : il me semble qu’Yvan aurait dû conter ce genre de détails dès sa rencontre avec les quatre autres héros, dans le tome #1!
- les jeunes doivent apprendre très rapidement à se débrouiller, mais quand même! Conduire une voiture, je veux bien (certaines vidéos du Net nous en montrent qui le font dès huit ou neuf ans!)… mais de là à manipuler une grue mécanique! C’est vrai que, comme ils sont seuls, ils peuvent se permettre d’essayer tout ce qu’ils veulent aussi longtemps qu’ils le veulent, sans trop se soucier de démolir ce qui les entoure ou de blesser un passant… mais une grue mécanique, ce n’est pas si simple à contrôler, il me semble!!
- c’est si bon que ça se dévore en un rien de temps!!! Un an d’attente pour une lecture si rapide!! En effet, les auteurs préfèrent nous offrir des récits d’action. Le texte va donc à l’essentiel, et n’est pas très abondant.
- devoir attendre pour avoir la suite… surtout que c’est annoncé comme étant la fin du premier cycle!!! «Au cœur du maelström», ça sonne bien, non, comme titre du tome #5??
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