#02- RÉSISTANCES
Scénariste(s) : Éric STALNER
Dessinateur(s) : Éric STALNER
Éditions : Glénat
Collection : X
Série : Zone
Année : 2010 Nb. pages : 48
Style(s) narratif(s) : Récit à suivre
Genre(s) : Anticipation
Appréciation : 4.5 / 6
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la Chasse aux filles est apparemment ouverte!
Écrit le samedi 17 septembre 2011 par PG Luneau
Ce qui ne devait être qu’une expédition exploratoire du monde extérieur a viré au cauchemar pour la jeune Keira. Non seulement ses deux compagnons d’escapade ont tout bonnement été tués sous ses yeux (au cours du tome précédent), mais elle se retrouve elle-même enchaînée à une cohorte de jeunes filles, toutes aussi mal en point qu’elle, et guidée à travers cette Angleterre post-apocalyptique qu’elle désirait tant visiter, vers un point inconnu, dans un but inconnu.
C’est que les tribus d’enfants sauvages qui les ont capturées semblent travailler pour la mystérieuse organisation Winch, un groupe militarisé qui provient de l’extérieur de l’île britannique… cet extérieur qu’on croyait dévasté!? Que veulent-ils donc, ces soldats? Que viennent-ils chercher? Pourquoi «collectent-ils» des femmes de différentes régions de la Grande-Bretagne, et testent-ils leur degré de contamination? Et par quoi seraient-elles contaminées, d’abord?
Pour ce qui est de Lawrence, l’homme parti à sa recherche, il réussit à convaincre son ami, le Professeur, de lui apporter une aide minimale dans sa quête pour retrouver Keira. Il obtient donc de lui une escorte de deux hommes ainsi que des chevaux… mais le monde est cruel et dangereux à l’extérieur de la grande bibliothèque d’Édimbourg. Et le danger ne vient pas toujours du côté qu’on s’attend!
Si ce deuxième tome de Zone, la série d’Éric Stalner, suscite beaucoup de questions, il commence à donner aussi quelques éclaircissements. C’est déjà une très bonne chose! Reste qu’il est un peu moins enlevant que le premier tome, l’attrait de la nouveauté s’émoussant un peu, j’imagine! En fait, c’est surtout que l’on assiste presque exclusivement ici à une longue course-poursuite, avec peut-être une ou deux surprises, certes, mais aussi quelques petites longueurs. Heureusement, le dessin de Stalner demeure, encore une fois, fabuleusement précis, merveilleusement détaillé, fourni, riche et nourrissant. On est véritablement en présence d’un illustrateur qui nous en jette plein la vue! Chaque vignette démontre une générosité sans borne, et ça, on l’apprécie grandement.
Aussi, même si le récit est un iota en deçà du premier tome, on demeure dans une série de haut calibre! Toutefois, il est tout à fait normal que certains passages d’un long récit soit plus tranquillos… et, manifestement, on est ici en présence d’un de ces tomes de transition. D’ailleurs, si on se fie à ce que nous annoncent les quatre dernières planches de cet album-ci, on aura droit à un troisième tome bigrement plus musclé!! L’avenir de Lawrence et de ses copains s’annonce passablement explosif… pour notre plus grand bonheur!!! À partir de 14 ans.
Plus grandes forces de cette BD :
- la vision de cette Angleterre totalement détruite, où la nature a repris ses droits. Tous ces bâtiments délabrés, en ruines, à moitié envahis par les ronces et la végétation, où même des arbres entiers ont eu le temps de pousser… Qu’est-ce que c’est troublant, intrigant!?! La vignette de la page 45, reprise au verso de la page de garde, où l’on voit le London Bridge qui a l’air d’un pont de liane tellement les lierres l’ont recouvert, est frappante, et l’on est en droit de se demander, comme on le fait maintenant depuis deux tomes entiers : «Mais qu’est-ce qui s’est passé, il y a quarante-sept ans, pour que tout parte à vau-l’eau de cette façon??»
- le dessin, sublime. Abstraction faite du puma de la couverture (vous ne trouvez pas qu’il ne fait pas très naturel, avec sa patte avant droite pliée comme s’il avait un coude comme le nôtre?!), tous les dessins sont d’une précision ahurissante. Les cheveux des personnages sont particulièrement bien réussis, de même que les feuillages de tous les arbres, et toute la végétation en général. Stalner ne fait pas de la BD, il fait de l’art!
- des mises en pages dynamiques et variées. J’adore quand Stalner insère de petites vignettes sur ses grandes images qui couvrent parfois des demi-planches entières. Dans ces situations-là, certains éléments de ses vignettes de fond transparaissent dans les caniveaux qui séparent les vignettes encastrées! C’est très vivant, et ça ajoute à la magnificence du dessin.
- la traîtrise que le héros subira. Je ne veux rien vous dévoiler, mais notre pauvre homme, qui a un rôle beaucoup plus effacé dans ce tome-ci, subira un revers inattendu, qui le surprend autant qu’il nous subjugue! Une situation ambigüe et intéressante, un bon moment d’émotions.
Ce qui m’a le plus agacé :
- les visages des filles, trop similaires. Je ne suis jamais parvenu à distinguer laquelle était laquelle, sauf un peu la sauvageonne… et encore : il y avait une autre noiraude qui lui ressemblait beaucoup!! Toutes les autres, blondes comme châtaines, avaient l’air de jumelles. Pour moi, c’était schtroumpf vert et vert schtroumpf!! Et comme on suit très souvent ce groupe de jeunes femmes, j’ai passé plus de la moitié de l’album à essayer (sans succès, d’ailleurs, ce qui est encore plus enrageant!) de démêler ces gonzesses!! Ça a vraiment nui à mon plaisir de lecture.
- la construction un peu inégale du scénario. Alors que la course-poursuite s’étire un peu, avec quelques moments forts mais aussi quelques longueurs, les six dernières planches nous balancent tout un programme de réorganisation et de reprise en main d’un peuple, sans vraiment nous montrer l’évolution des mentalités, en coupant court à toutes les tractations et aux longs discours qui ont dû être nécessaires à l’instauration de tout ça. Ça fait un peu étrange!...
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