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Suicide de la Déesse (le)
SUICIDE DE LA DÉESSE (LE)
Scénariste(s) : Simon LABELLE
Dessinateur(s) : Simon LABELLE
Éditions : les 400 coups
Collection : Mécanique générale
Série : Suicide de la Déesse
Année : 2010     Nb. pages : 72
Style(s) narratif(s) : Récit complet (one shot)
Genre(s) : Fantastique mythique, Récit psychologique, Anticipation, Adaptation littéraire, Quotidien
Appréciation : 5 / 6
Petit bijou dans un bel écrin
Écrit le jeudi 16 mai 2024 par PG Luneau

Connaissez-vous la revue Solaris? Il s'agit d'un petit magazine québécois qui paraît quatre fois par année et dans lequel sont publiées différentes nouvelles de S.-F., de fantasy et de fantastique. Ainsi, elle offre une belle porte d'entrée aux auteurs d'ici qui veulent tester leur style et leurs idées. L'auteur Simon Labelle y a fait paraître, en 2000, une nouvelle d'anticipation intitulée le Suicide de la Déesse... mais ce n'est que 10 ans plus tard qu'il l'a publiée de nouveau, mais sous forme de BD, cette fois. Voyons de quoi il s'agissait.

C'est quoi?

L'argument en est somme toute assez simple. Ariane suit un cours de création littéraire à l'université. Le travail de session est simple : rédiger une nouvelle sous forme de création collective! En moins de deux, la jeune black se retrouve avec Steph, Oli, Fabien et Isa et tous se mettent à la tâche, certains avec enthousiasme, d'autres avec plus ou moins d'intérêt.

Après quelques rencontres de remue-méninge (qui nous offrent un bel échantillonnage de tout ce qui peut arriver lors d'un travail d'équipe!), une idée directrice commence à s'imposer : il est indéniable que la planète se meurt à cause de la pollution, de la surconsommation et des mauvais choix que l'Homme a faits (et fait encore!), bafouant la Nature au nom de l'évolution de son espèce. Mais, puisque l'Homme est une création de cette même Nature, pourquoi ne serait-ce pas délibéré? Si l'Essence même de la planète en avait assez et qu'elle avait engendré l'Homme dans le seul but que celui-ci la détruise, justement? Si la grande Déesse visait son autodestruction par le biais de son rejeton le plus abouti? Un genre de «suicide» planifié ?? :^O

Fort de cette idée (ma foi, très originale), le groupe pond un texte correct, qui ne casse pas la baraque mais qui permettra aux cinq co-auteurs de passer leur cours... Ce n'est que quelques années plus tard que... Mais je m'arrête ici, car j'en ai peut-être déjà un peu trop dit!

C'est comment?

En effet, il est très difficile de ne pas éventer ce cours texte d'à peine 59 petites planches de 5 ou 6 cases chacune quand on veut en raconter l'essentiel. Le propre des nouvelles, c'est d'être court et punché, donc il n'est pas évident de les résumer d'une part, et de le faire sans en vendre les punchs d'autre part!

Car oui, le récit se déroule en deux temps : l'époque universitaire, quand le groupe commet son texte, et les conséquences découlant de cet écrit, se déroulant une trentaine d'années plus tard !? Et ces conséquences, elles étonneront autant Ariane que les lecteurs !?

Ne pouvant pas en dire plus, il vous faudra me croire sur parole! Oui, l'intrigue est construite de façon à ce qu'on s'interroge à maintes reprises : où est-ce que tout cela va bien pouvoir nous mener ?? Mais gardez la ligne car, au final, ce petit scénario mystérieux à souhait vaut tout à fait le détour! Il nous présente un futur possible d'autant plus angoissant qu'il s'avère parfaitement crédible! Et, ce qui n'est pas à dédaigner, il est serti dans un écrin aussi joli que rafraîchissant!

En effet, le dessin de M. Labelle m'a tout de suite charmé! Sa façon toute en rondeur de dessiner personnages et décors est tout à fait personnelle et ne ressemble à aucune autre. C'est souple, coulant, moderne, chargé tout en restant clair, d'une belle originalité. Toutes ces qualités graphiques cadrent à merveille avec le récit, comme si elles exacerbaient son ton mystérieux.

Bref, la lecture du Suicide de la Déesse m'a permis de découvrir des univers graphiques et scénaristiques qui me parlent beaucoup, au point où je me demande pourquoi j'ai tant tardé avant de lire cette perle! J'ajoute donc Simon Labelle à ma (longue!) liste de bédéistes à suivre, et je pars de ce pas à la recherche de ses (trop rares!) autres œuvres!

À partir de 16 ans.

 

Mes bémols

 

  • la typographie. Compte tenu de la petitesse du format (l'album fait 16 cm x 23 cm), les lettres des phylactères peuvent difficilement faire autrement que d'être petites... mais là, c'en est à un point où la lecture est carrément difficile, et c'est bien dommage!:^(

 

  • quelques petites maladresses graphiques. J'ai été surpris par l'étrange profil d'Ariane, au tout début de la p.32 (il y a comme un petit effet Picasso totalement inexplicable!) et par les erreurs de proportion tête vs corps (dans le haut de la p.58 pour Ariane, et dans le bas de la 60 pour Fabien, par exemple).

 

Les plus grandes forces de cette BD

 

  • l'originalité du dessin de M. Labelle, et sa grande versatilité. En effet, non seulement les traits utilisés par l'auteur pour son récit sont joliment gracieux, de par leurs belles rondeurs fluides qui parviennent à rester très adultes, mais Labelle se laisse aller dans non pas un mais plusieurs autres styles, dont deux d'influence tribale, qu'il est parvenu à maîtriser à la perfection! On remarque ces changements de style principalement quand il passe en mode légende, comme aux pages 34 et 56 (ainsi que sur la couverture!), ou quand il y va de grands à-plats noirs, aux p.44, 45 et 46. On peut même constater qu'il s'essaie au style asiatique le temps d'une vignette, quand il s'amuse à décorer un haïku d'un petit dessin épuré manifestement réalisé en trois traits d'encre noire tracés au pinceau! Un bel échantillonnage de styles, donc, qui aide à faire oublier le noir et blanc de l'album.

 

  • la construction du récit. Le mystère s'installe dès l'intro, mais reste volontairement dans le vague le plus profond, nous laissant imaginer plein de choses: on sent que la rédaction de ce texte a provoqué des trucs, mais il nous est impossible d'entrevoir de quoi il s'agit avant la p.56 (sur 68!). Évidemment, la narration qui chevauche deux époques contribue à l'épaississement du mystère! De plus, la partie futuriste est, elle aussi, très habilement amenée, s'imposant à nous de manière si douce qu'on met un certain temps à réaliser qu'on est en présence d'un récit d'anticipation, et que le second temps du récit ne se situe pas à notre époque, mais bien dans quelques années (le plus tard possible, j'espère!) !? C'est fort habile de la part du scénariste!

 

  • la représentation du monde universitaire. M. Labelle a su me replonger dans mes années à l'université, en saisissant tous les hauts et les bas du sempiternel travail d'équipe! Toute la partie, assez longue, sur l'évolution de la création collective m'a rappelé plein de souvenirs (et pas tous heureux!;^D)... La formation de l'équipe, ceux qui s'investissent, ceux qui farnientent, ceux qui s'entêtent, les idées qui se bousculent (ou pas!), qui se renforcissent, qui s'opposent... Et comme leur texte porte sur les problématiques écologiques (et laissez-moi vous dire que ces problèmes sont, malheureusement, encore d'actualité, même 10 ans plus tard !!), tout ce remue-méninge, avec son foisonnement d'idées acceptées ou non, permet à l'auteur de lancer des tonnes et des tonnes d'hypothèses, qui font toutes plus réfléchir les unes que les autres! Bravo!

 

  • le punch final et toutes les réflexions qu'il peut susciter. Sans vouloir trop en dire, sachez qu'il permet par exemple de s'interroger sur l'inspiration, le pouvoir de l'air du temps, les mouvements sociaux, la responsabilité, le suicide, le déterminisme, etc. C'est vraiment très inspirant!

 

Les petits plus

Une dédicace. J'ai eu le plaisir de croiser M. Labelle, lors d'un festival de BD, et il a eu la bonté de gratifier mon album d'une jolie dédicace représentant l'enfant vorace, celui que l'on aperçoit sur le point de dévorer sa mère, sur la couverture! J'en garde le souvenir d'un homme assez réservé mais très gentil!

Un prix. Si, après tout ça, vous n'êtes toujours pas convaincu que cet album est bon, sachez qu'il a reçu le prix Bédélys de l'album québécois de l'année, lors de sa sortie en 2010!

Un site. Je vous offre, en prime, un lien vers le très intéressant site professionnel de Simon Labelle, que je viens de découvrir à l'instant! Vous pourrez ainsi constater par vous-même l'étendue de son talent.

 

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