Écrit le mercredi 24 avril 2024 par PG Luneau Peut-être avez-vous eu, tout comme moi, le grand bonheur de vous délecter de Burquette (t. #1 & 2), les charmants petits albums que Francis Desharnais a commis il y a quelques années? Mais oui, vous savez : ça racontait l'histoire d'une gamine de 8 ou 9 ans, québécoise de souche, qui décidait de porter la burqa intégrale, au grand dam de ses parents, de ses amis et de tout son entourage! Ce faisant, elle bousculait les préjugés, déclenchait les réflexions et soulignait les incohérences, tant chez les Islamistes que chez les non-Islamistes! Et le tout avec un humour suave et bien senti, mais toujours dans le respect. Et bien il semblerait que Valérie Amiraux, qui s'avère être chercheuse en pluralisme religieux, ait été particulièrement interpellée par le travail de Francis. La preuve? Elle l'a contacté pour lui demander d'illustrer un album qui lui trottait dans la tête depuis quelque temps... depuis qu'elle et sa fille Salomé se sont installées à Outremont, en somme! C'est du bouquin issu de leur association dont je vais vous parler aujourd'hui! C'est quoi? Valérie (oui, oui, cette même chercheuse!) et sa fillette de 6 ans, Salomé, débarquent au Québec et s'installent à Outremont, non loin de la fameuse boulangerie St-Viateur, et ses non moins fameux bagels! C'est là que la gamine sera confrontée aux dits «hommes en noir»! Mais oubliez Will Smith et Tommy Lee Jones! Les hommes en noir d'Outremont ne chassent pas les extraterrestres : ils vénèrent Yahvé! Car, vous l'aurez évidemment compris (et la couverture de l'album ne nous laisse aucun doute sur le sujet), ces hommes qui intriguent tant Salomé et qui lui font poser toutes sortes de questions à sa mère, ce sont les membres de l'imposante communauté de Juïfs hassidiques qui se sont établis dans ce quartier, logé sur les flancs du Mont Royal. Curieuse et allumée, Salomé s'interroge sur plein d'aspects de leur vie. Elle aimerait beaucoup entrer en contact avec les jeunes Juïfs de son âge qui jouent autour d'elle, mais ceux-ci ne parlent qu'anglais, ce qui bloque grandement la communication avec notre jeune Française d'origine. Heureusement, Salomé a la chance d'avoir une mère aussi curieuse et allumée qu'elle (le fruit n'est pas tombé loin de l'arbre!) et qui s'y connaît bigrement en religion! Et puis, il y a Simon, un petit voisin québécois qui devient rapidement son complice... d'autant plus qu'il s'autoproclame «le plus grand connaisseur des Hassidiques du quartier», puisqu'il y vit depuis toujours! C'est en leur compagnie qu'on explorera l'univers un peu obscur des Hassidiques, cette communauté réputée pour être relativement fermée et difficile d'accès. C'est comment? Tout à fait charmant! Salomé (qui doit maintenant avoir une vingtaine d'années, si je ne m'abuse !?!) est dépeinte ici avec beaucoup de fraîcheur et de bonhomie. Ses questionnements, toujours pertinents, suscitent les réflexions et on se plait à la voir réagir avec toute la spontanéité propre à son jeune âge. En fait, cette petite plaquette est si adorable qu'on en redemanderait encore et encore... Et la raison en est simple : c'est qu'on en apprend, au final, bien peu, sur la communauté ciblée! :^( Ils parlent anglais, ils ne touchent à aucune technologie les samedis, leurs garçons vont à l'école du dimanche... Ça reste des informations relativement connues. Personnellement, j'aurais bien aimé en apprendre plus... Bon, il y a bien les pages de croquis, insérées entre les petits chapitres, qui ajoutent parfois quelques notions, heureusement! Elles proviennent des carnets à dessin que Francis a remplis lors de ses visites dans le quartier et lors de ses rencontres, comme lorsqu'il a assisté à une cérémonie religieuse. Mais je suis vraiment resté sur ma faim. Certes, les enfants de 7 à 10 ans en apprendront plus que moi... s'ils daignent s'intéresser au sujet qui demeure, ma foi, assez pointu !? Bref, si Burquette cassait la baraque et les tabous en touchant à l'universel, cette sympathique petite plaquette restera probablement plus anecdotique, malgré le charme indéniable de son héroïne et sa touchante finale. Dommage... Mes bémols
Les plus grandes forces de cette BD
Le petit plus À noter que j'ai eu le bonheur de croiser monsieur Desharnais, en 2016, et qu'il a eu la gentillesse de gratifier mon album d'une superbe dédicace qui remplit toute ma page de garde! Merci, Francis!
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